Dr Catherine G.
Le docteur Catherine G. est une figure emblématique dans le monde du tatouage. Dermatologue, elle est également écrivain.
Elle a réalisé en 1993 le livre très célèbre " tatouages, tags à l'âme " aux éditions Alternatives graphiques, illustré de nombreuses photos prises à la première convention de tatouage à l'Elysée Montmartre à Paris au début des années 90. Une version en anglais (" tattoo, graffit for the soul " chez sunburst book ) est vendue un peu partout dans le monde et ce livre a collaboré à la découverte de nombreux tatoueurs européens auprès d'un large public.
Spécialiste du tatouage et surtout du détatouage, elle intervient dans de nombreux congrès.
Elle a collaboré également à la rédaction d'innombrables articles pour des revues médicales.
A l'heure actuelle, tout en continuant son activité à la clinique Turin à Paris, elle approfondit ses recherches sur la dépigmentation…
Résumé d'une rencontre.

"… J'ai rencontré Bruno de Pigalle, suite à un appel que j'ai effectué auprès de lui. Là, j'ai découvert un autre monde une fois que j'ai eu franchi le seuil de son antre. Son atelier depuis ma première visite, a beaucoup changé puisque sa société exporte désormais dans le monde entier. Y compris en Nouvelle Zélande, alors que c'est un des points de départ historique du tatouage ! ! ! C'est quand même étonnant !..
… Bruno, ce jour là était en train de tatouer un professeur de chinois, et je me suis rendu compte que le tatouage touchait tous les niveaux de la société…
Par la suite on a su que je m'intéressais au tatouage, et j'ai commencé à avoir des tatoueurs professionnels qui sont venus me voir car ils étaient assez étonnés qu'un médecin s'intéresse à leur profession.
C'est aussi comme ça que je me suis retrouvée invitée à la première convention de tatouage à l'Elysée Montmartre…

Pour revenir à Bruno, dès le mi lieu des années 60, dans son premier livre, il parlait des techniques de détatouage alors existantes (à la dure ! ! ! !). Il évoquait aussi le fait qu'il était en contact avec de nombreux médecins. Quelles ont été vos relations avec lui ?

Je l'ai fait venir il y a quelques années à Tours pour un cours sur le tatouage et le détatouage.
Il est toujours très content de travailler au contact de médecins et d'hôpitaux.
La technique du tatouage médical s'est développée il y a un peu plus d'une dizaine d'années et je me fournis effectivement chez lui…

Autre sujet ; quelles pathologies peuvent être révélées à travers un tatouage ?

Certaines pathologies dermatologiques sont effectivement révélées suite à un acte de tatouage.
Cela peut arriver. On appelle cela le phénomène de Keubner.
Par exemple, un cas que j'ai traité :
Un jeune homme qui avait un psoriasis sur le corps, a développé une plaque de psoriasis sous le tatouage qu'il venait de se faire. Mais ce n'est pas parce qu'on se fait tatouer que l'on va forcément développer un psoriasis ou autre !

Est-ce que les nouvelles technologies de détatouage au laser peuvent être utilisées à des fins créatives comme peut l'être le branding par exemple ?

Ce n'est pas du tout le propos du médecin ! ! ! On pourrait effectivement créer un tatouage en négatif mais les médecins ont seul accès au laser. Ca voudrait donc dire qu'ils exercent une activité parallèle, hors acte médical pur, et c'est tout à fait punissable ! ! !
Ceci dit en passant, le laser Q switch, sur une peau non tatouée, ne laissera pas de marque…

L'apparition de tâches solaires brunes, peuvent-elles être un risque si on veut se faire tatouer à cet endroit-là ?

Non il n'y a aucun risque. D'ailleurs on utilise aussi le laser Q switch pour les enlever. Ces tâches brunes n'ont pas du tout la même physiologie que les grains de beauté.

Et ce qu'on nomme les tâches de vin ?

Certains ont préconisé de tatouer par dessus avec des pigments se rapprochant le plus possible de la couleur de la peau…
Mais il peut y avoir un risque. Ce qu'on peut imaginer c'est que dans les angiomes il puisse y avoir une hyper vascularisation.
Donc le pigment risque de partir dans la circulation sanguine. Ce serait un tatouage qui ne tiendrait pas. Hormis ce cas, il n'y a à priori pas de danger majeur. Tout dépend de la granulation du pigment. Si c'est un pigment extrêmement fin, il va passer très vite dans la circulation sanguine. Le derme à cet endroit est plus vascularisé.

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